jeudi 26 juin 2014

Investissez dans le tutorat !

Par François Gabaut
Pour en savoir plus sur François :  http://www.viadeo.com/profile/0022alplawfl6ben?nav=1&navContext=002es16t8ueii4p&consultationType=27

Le tutorat est un investissement pour l'entreprise. Il représente un gain et un coût. Gains et coûts ne sont pas toujours facilement évaluables. Ce premier article d'une série propose une réflexion sur cet aspect du tutorat. D'autres articles suivront pour approfondir cette question que toutes les entreprises se posent légitimement :  quel est l'équilibre entre ce que le tutorat nous apporte et ce qu'il nous coûte ?


1. Coût du tutorat


Partons de l'investissement et des coûts du tutorat. Du recrutement à l'accompagnement, le tutorat est un investissement pour l'entreprise que l'on peut décliner en différents postes et chiffrer avec plus ou moins de facilité :

  • Le coût du recrutement spécifique aux alternants. Les services RH se mobilisent pour recruter et associent parfois les managers et les tuteurs qui vont accueillir les nouveaux entrants dans leur service. On évalue le recrutement d'un alternant à plusieurs heures de travail auxquelles s'ajoutent la définition du profil et le sourcing. Le chiffrage se compte en heures de travail auxquelles ont ajoute les coûts des supports de communication.
  • L'embauche d'un alternant, c'est aussi un temps dédié à la complexité du dossier administratif : Déclarations à la DIRECTTE, contrat de travail, déclarations URSSAF, visite médicale, convention de partenariat avec les écoles. Ces tâches réalisées par les services RH se comptent également en heures.
  • Les alternants sont souvent conviés aux journées d'intégration des nouveaux entrants, journées qui se chiffrent en heures de travail lorsqu'on fait intervenir des responsables de services, en prestation d'un cabinet extérieur pour les animer, en frais de restauration d'hébergement, de transport, de restauration.
  • Les tuteurs bénéficient parfois d'une prime qui s'élève selon les entreprises, autour de 300 € annuels. La reconnaissance des tuteurs va figurer dans la grille de l'entretien annuel.
  • Il ne faudrait pas oublier les heures de tutorat sur le terrain, le temps passé par le ou les tuteurs à accompagner le jeune, un temps qui n'est pas consacré à la production et qui se mesure difficilement : temps de briefing, d'écoute, de pédagogie, de remplissage du cahier de liaison, de débriefing, de correction des erreurs, temps passé à recevoir le tuteur école, aux déplacements dans l'école, aux jury d'examens, etc.
  • Ne pas oublier les formations internes ou externes qui répondent aux besoins de compétences de l'alternant. Selon la complexité du métier exercé par ce dernier, il faut souvent lui proposer des formations qui lui permettent de tenir son poste, formation à la sécurité, réponses aux obligations légales, habilitations, etc.
  • Quid du temps passé à la création d'outils : Le tuteur a besoin de  créer tout un matériel de support : un tableau de bord, des grilles de montée en compétences, des outils de validation des acquisitions.
  • Il faut également intégrer le coût de la formation des tuteurs, un ou deux jours selon la disponibilité de ces derniers. Une formation non obligatoire sauf pour certaines branches, indispensable et renouvelable tous les cinq ans environ mais qui peut se monter entre 500 et 1000 €.
  • Même si l'alternant n'entre pas dans les effectifs, il bénéficie des avantages sociaux comme tous les salariés en contrat : CE, mutuelle, intéressement et plan d'épargne, tickets restaurants, aides au logement.
  • Et puis naturellement, il faut intégrer dans ce calcul les coûts directs liés au salaire, avec ou sans charges selon le type de contrat (d'apprentissage ou de professionnalisation).

2. Abordons maintenant les gains ou retour sur investissement



  • A propos des coût de la formation des tuteurs : certain Organismes Paritaires Collecteurs Agréés prennent en prend en charge, dans la limite de 15€ maximum x 40 heures (soit un plafond de 600€), la formation des salariés appelés à encadrer en tant que tuteurs des personnes en contrat de professionnalisation, période de professionnalisation ou contrat emploi d'avenir.
  • A propos des coûts liés à l’exercice de la fonction tutorale : les OPCA apportent à l'employeur une aide à l’exercice de la fonction tutorale. Cette aide est versée dans le cadre de la mise à disposition d’un tuteur pour encadrer la personne en formation. Elle est calculée sur la base d’un plafond mensuel. Il ne s’agit pas d’une prise en charge d’heures de formation mais d'un financement des dépenses liées à l’exercice du tutorat. Cette aide peut varier entre 1380 € et 2070 € selon le profil du tutoré.
  • A propos des charges salariales de l'alternant : selon le type de contrat, les charges sont plus ou moins remboursées par l'Etat. Des primes peuvent réduire le coût salarial, primes de présence de l'alternant, primes à l'embauche, primes liées au "contrat de génération". Des aides sont parfois proposées par les régions
  • A propos de l'activité du tutoré :
    - Pendant son apprentissage : de nombreuses entreprises "rentabilisent" le tutorat en confiant à l'alternant une véritable activité objectivée dans les résultats globaux du service et de l'entreprise. Elles s'inscrivent dans une relation "gagnant-gagnant : nous formons à un métier et le jeune produit pour le profit de tous". Parfois, ce dernier perçoit une prime et des parts variables diverses sur les ventes. Personne n'y voit à redire à condition que l'on n'oublie pas qu'il est là pour être formé et qu'il a un diplôme ou une qualification à passer à la fin de son alternance.
    - A l'issue de son apprentissage : le recrutement d'un alternant à l'issue de sa période d'apprentissage, lorsque cela est possible, représente un bénéfice considérable pour l'entreprise. Ses compétences, même si celles-ci restent à approfondir, sont souvent nettement supérieures à celles d'un recrutement extérieur. Cela aura par aileurs facilité l'assimilation des connaissances pendant la période d'apprentissage, l'appropriation des savoir-faire transmis par le tuteur, l'intégration des valeurs, des comportements attendus, des attitudes "corporate". Le temps consacré à l'intégration, à la connaissance du contexte a été réalisé durant l'apprentissage. Le jeune salarié est alors opérationnel immédiatement.

On voit bien que l'équilibre entre gains et coût est sans commune mesure du côté du bénéfice.  Dans un autre article j'aborderai plus en détail les aspects salariaux de l'alternant ainsi que les différentes aides financières associées.

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